21 janvier 2018 - lloir

Ecrire un livre sur la première guerre mondiale

Une douzaine de classes beaunoises et alentours et notre classe participent à un projet d’écriture d’un livre, qui sera édité, sur le conflit 1914-1918 (couverture ci-dessus.) Il s’agit d’un abécédaire. Notre classe a la lettre D comme dictionnaire des poilus, à savoir l’argot des tranchées. Voici notre travail en production écrite :

 

D comme Dictionnaire des poilus

Première ligne dans la tranchée des punaises, près d’Arras (Pas-de-Calais), à l’aube de la seconde bataille de Champagne (du 24 septembre au 10 octobre 1915.) Il est 6h20, il pleut.

Le soldat Raymond Isard parle à son camarade le caporal Alphonse Bonnetaud. Tous deux font parti du 63ème régiment d’infanterie. Il ne leur reste que quelques heures à vivre.

Raymond avait 23 ans, célibataire, il était homme-sandwich. Il marchait dans les rues de la capitale avec une affiche sur le dos en criant les mérites d’un produit à la mode. Il habitait Maisons-Alfort.

Alphonse Bonnetaud avait 34 ans, père de 5 filles, il était rempailleur de chaises. Avec un enfant de plus, il aurait été dans la réserve de l’armée territoriale, à savoir, loin du front. Il habitait place Clichy à Paris, sur l’ancienne commune des Batignolles.

 

  • Ça va mon poteau (ami) ?

 

  • Tu parles ! Pas pu en écraser (dormir) ! Tout ce baroufle (bruit) dans mes esgourdes (oreilles), et ces gaspards (rats) qui sautillent autour de ce qui nous sert de pucier (lit).

 

  • Tu crois qui s’trame (se prépare) quelque chose ?

 

  • Ça m’étonnerait pas, on n’est pas verni (avoir de la chance), la musique (bombardement) a déjà recommencé depuis deux plombes (deux heures). Les huiles (les chefs) nous préparent une offensive. Le juteux (l’adjudant) a reçu des messages toute la nuit.

 

  • Va falloir encore avoir du cran (courage) pour courir sur la terre de personne (zone entre les deux fronts ennemis / no man’s land.) Tu veux du jus (café) ?

 

  • Non, il est froid, verse moi plutôt du pinard (vin) dans mon quart (gobelet). Dans une plombe (une heure), va falloir aiguiser la Rosalie (baïonnette), et distribuer des pruneaux (balles de fusil).

 

  • Quand je pense à tous ces embusqués (personnes qui ne font pas la guerre) qui vont faire la nouba (fête) ce soir sur les grands boulevards à Pantruche (Paris)… Et nous, ça va être moulin à café (mitrailleuse) et mitres (obus allemands).

 

  • Tu l’as dit ! Et dire qu’en 14, on est parti la fleur au fusil, à Noël, on sera de retour à la maison qu’on se disait… Allez, passe moi mes tatanes (chaussures), mes russes (bandes de toiles qui remplacent les chaussettes) et ma bourguignotte (casque).

 

  • Oui, préparons nous…T’as vu…, les galletouses (gamelles du soldat) sont vides. On va devoir becqueter des clarinettes (se passer de manger) ! Par contre, y a quelques litrons de gniole (eau-de-vie). C’est mauvais signe ! (offensive proche.)

 

  • Le baveux (journal) dit qu’on n’en a plus pour longtemps, que les casques à pointes (soldats allemands) sont prêts à se débiner (se sauver.) Ça serait bath (agréable) de retourner à Panam (Paris.) Je t’inviterais au chien qui fume (restaurant près du pont neuf), le cuistancier (le cuisinier) est mon beau-père. Y a de la bonne croûte (aliments) là-bas !

 

  • Oh oui ! Et on irait écouter les chansons de Maurice Chevalier au caf’conc’ (café où ont lieu des concerts) de Ménilmontant. J’ai assez porté ses affiches sur mon dos !

 

  • Allez, assez rêvé bigorneau (soldat), faut s’lever…

 

  • Bien mon cabot (caporal) !

 

  • Je vais écrire une bafouille (lettre) à Mathilde. Elle m’a dit que la tuberculose de notre petite Jeanne se calmait. Écris à ta marraine pour la remercier du cube (colis postal) qu’elle t’a envoyé.

 

  • Oui, je vais lui écrire. Elle est munitionnette depuis deux mois. Elle fabrique des obus à l’usine  André Citroën, quai de Javel à Paris.

 

  • C’est bien, elle participe à « l’effort de guerre ». Joffre devrait en prendre de la graine. Après toutes ses offensives en forme de boucheries, s’il n’arrête pas de nous bourrer le crane (mentir) , Poincaré va lui secouer la poêle à marrons (le corriger.)

 

Ils n’auront pas le temps d’achever leur dernière « bafouille ».

« Soldats de la République ! L’heure est venue d’attaquer pour vaincre et pour ajouter de nouvelles pages de gloire à celles de la Marne et des Flandres, des Vosges et d’Arras. Derrière l’ouragan de fer et de feu déchaîné grâce au travail des usines de France, où vos frères [ et les sœurs ?? ] ont nuit et jour travaillé pour vous, vous irez à l’assaut tous ensemble. Votre élan sera irrésistible. Allez-y de plein cœur pour la délivrance du sol de la patrie, pour le triomphe du droit et de la liberté. »                                                                                                                                                                                                                                            Discours de Joffre du 24 septembre 1915.

 

L’attaque est lancée le 24 septembre 1915, à 9 h 45. Les soldats portent le nouvel uniforme bleu horizon et un casque. Joffre a nommé le général Castelnau responsable de la manœuvre aidé du général Pétain. Pétain commence par lancer le corps colonial (une fois n’est pas coutume), mais les réserves arrivent en retard. Les pertes sont lourdes. Le 27, la situation n’a progressé que de quelques mètres. Pétain suspend l’attaque. Castelnau la relance le 28 mais l’élan est brisé par les gaz asphyxiants…

 

L’écrivain Blaise Cendras , alors légionnaire au 2e régiment de marche y fut gravement blessé. Il perdit un bras, épisode qui donnera, trente ans plus tard, le titre de son récit de guerre, La Main coupée

Le Maréchal Joffre fut remplacé en 1916 par le général Nivelle. On l’éloigna ainsi de la guerre. Il fut élu à L’Académie française en 1918 !

Loin des prix littéraires et de l’Académie française, Raymond est tombé à 11h20, touché par des éclats d’obus. Son camarade Alphonse a succombé aux gaz asphyxiants en fin d’après-midi. Il pleuvait encore.

La seconde bataille de Champagne a fait 27 851 tués, 98 305 blessés, 53 658 prisonniers et disparus du côté français et des pertes beaucoup plus faibles du côté allemand. Le front a progressé de 3 km.

           Raymond,  homme sandwich                    Alphonse, rempailleur de chaises, Paris 1913

« On  entendait le crépitement  habituel de la fusillade nocturne et les tirs désarticulés des mitrailleuses… »                     La main coupée, de  Blaise Cendras (1887-1961.)

 

19 janvier 2018 - ele-pommard-21

A la découverte du « a »

Continuons avec les aventures d’Ahmed  !

Nous vous laissons découvrir notre dernier petit livre interactif sur la lettre et le son « a  » résultat d’un peu de lecture, phonologie, découpage, dessin  …

 

 

Les enfants étaient aussi très fiers de réaliser et d’emporter à la maison leur livre , « version papier » .